Tribune parue dans le quotidien Libération le 11 mars.
Quel est le niveau d’engagement réel de l’administration publique dans la transition écologique ? C’est la question qu’a posée, fin 2022, l’association d’agents publics «Une fonction publique pour la transition écologique» (Une FPTE). L’enquête montre que les agents constatent un engagement de leur administration dans la transition écologique. Toutefois, elle révèle aussi de fortes attentes et des demandes d’accélération dans sa mise en œuvre. Autrement dit, l’Etat «peut mieux faire».
L’enquête s’inscrit dans les missions d’Une FPTE, association non partisane née du besoin de rassembler des agents qui souhaitent accélérer la prise en compte, dans les décisions et projets publics, des impératifs de la transition écologique. Ouverte aux agents des administrations et établissements publics, dans les trois versants de la fonction publique, tous statuts (titulaires, contractuels) et catégories confondues, Une FPTE répond au besoin de partager et de trouver des réponses collectives aux enjeux des services publics, face à l’ampleur de la crise environnementale. Par des modes d’action variés (kit d’autoformation, interpellations et interventions dans la presse, mise en réseau d’acteurs, partage de bonnes pratiques…), l’association entend impulser une transformation des pratiques dans l’administration et dans les politiques publiques. Les conclusions de l’enquête sont claires : le gouvernement doit créer les conditions pour que les agents publics désireux d’accélérer la transition écologique puissent contribuer et partager leurs pratiques. Il paraît urgent d’assurer la légitimité des nombreux fonctionnaires en charge de la transition environnementale en tant qu’experts et non comme «militants» de la cause environnementale.
Cette demande s’inscrit en complément de l’urgence du déploiement à court terme d’un plan de formation continue de tous les agents publics. La formation des hauts fonctionnaires est une première étape saluée et nécessaire, mais elle n’est pas suffisante. Elle doit s’accompagner d’un plan de formation massif des élus pour permettre des coopérations efficaces avec leur administration.
Par ailleurs, une révision de la modalité des gestions de carrières doit être engagée afin d’inciter les dirigeants à prendre à bras-le-corps ces sujets par des indicateurs explicitement inclus dans la manière de servir.
Enfin, à mesure que progresse la formation des agents au sujet, et en l’absence d’une mise en cohérence rapide des politiques publiques, le danger de la dissonance cognitive risque de croître. Seul l’engagement réel, cohérent et de long terme de la puissance publique dans la transition permettra d’éviter une telle situation.
Véritable observatoire de la transition écologique au sein de la fonction publique, Une FPTE continuera de rappeler les engagements environnementaux de la France ainsi que l’urgente nécessité d’impulsions politiques claires et cohérentes, de moyens dédiés sur le long terme et de l’accélération de la formation continue des agents publics, en faisant des nombreux agents déjà mobilisés un puissant levier de transformation.