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La Transition Écologique vue par l’Administration Française : des agents mieux formés et plus exigeants vis à vis de leurs employeurs

Enquête annuelle 2024 d’une Fonction publique pour la transition écologique.

Télécharger la restitution complète.

Paris, le 5 février 2025 – L’association « Une Fonction Publique pour la Transition Écologique » [FPTE] publie aujourd’hui les résultats de son enquête annuelle, mettant en lumière l’évolution des défis de la transition écologique au sein de l’administration française.

Une association non-partisane qui donne la parole à tous les agents publics

Créée en 2021, l’association Une FPTE regroupe des agents et membres d’établissements publics cherchant à intégrer les dimensions écologiques, sociales et environnementales dans les décisions et projets publics.

Avec une page LinkedIn rassemblant plus de 9 500 abonnés, l’association a connu un succès significatif en 2024 avec l’actualisation et le renforcement de son kit d’autoformation, la publication de plusieurs tribunes, la rédaction en collaboration avec le Lierre d’un guide « Les directions des ressources humaines au service de la transition écologique », ainsi que la ré-édition de l’enquête annuelle menée depuis 2022 sur la transition écologique dans l’administration.

Résultats : http://fpte.fr/?page_id=357

Enquête 2024 : un baromètre annuel avec une perspective pluriannuelle

L’enquête annuelle 2024 a généré 628 réponses, un chiffre stable par rapport à l’édition précédente. Les profils des répondants reflètent la composition de la fonction publique en termes de genre avec 64 % de femmes et une prédominance des fonctions territoriale et d’Etat, atteignant 93 % des réponses.

Engagement et perception : des agents plus conscients et plus engagés, en décalage croissant avec les effets perçus dans leur administration

Le pourcentage d’agents se disant engagés à titre personnel en faveur de la transition écologique a augmenté, passant de 42 % à 57 %, bien au-delà du taux de répondants occupant officiellement un poste en lien avec la transition, en hausse lui aussi (44 % des répondants en 2024, contre 28 % en 2022 et 2023).

Au niveau institutionnel également, les agents considèrent que la prise de conscience des enjeux de la transition écologique par leurs administrations s’est sensiblement améliorée entre 2023 et 2024, passant de 40 % à 60 %.

Il n’en va pas de même quant à l’action de leur administration, 42 % seulement considèrent qu’elle s’est améliorée, contre 48,8 % en 2023 et 49,5 % en 2022. Seuls 28 % considèrent que la mise en œuvre concrète répond aux enjeux. Les raisons de ce manque d’actions demeurent, d’après les répondants, les mêmes depuis trois ans : manque de moyens dédiés humains et financiers, et défaut de motivation des élus ou dirigeants.

Adaptation au changement climatique, économies d’énergies et de ressources, formation des agents : un appel à l’action de l’administration

Depuis trois ans, les actions prioritaires identifiées par les agents demeurent :

  1. L’adaptation au changement climatique : isolation par l’extérieur, désartificialisation des sols ;
  2. La recherche d’économies d’énergie et de la sobriété : pose de panneaux photovoltaïques, obligation de remplacer les véhicules usagés par des véhicules électriques, incitation à la marche et à l’usage du vélo, renoncement aux trajets en avion ;
  3. La sensibilisation et le développement de compétences métiers, à travers des formations et des actions de communication, ce qui souligne le rôle crucial de la pédagogie dans le changement des comportements.

Sont également citées d’autres actions, preuve supplémentaire de la hausse de connaissance collective : les politiques d’achats durables, avec la mise en place de clauses environnementales ou d’achats d’occasion, la sobriété numérique avec le remplacement des appareils numériques ou une réduction du poids des données numériques, la prise en compte de la biodiversité avec la limitation des pesticides, la nécessité de diminuer la quantité de viande et de proposer des alternatives végétariennes ou végétaliennes de qualité en restauration collective.

Des freins à la transition écologique mieux identifiés

Les répondants insistent sur la nécessaire priorisation de la transition écologique par les décideurs, qu’il s’agisse de leurs élus ou de leurs responsables hiérarchiques, en relevant de manière assez systématique un décalage entre les ambitions affichées et les engagements concrets.

Sont pointés des freins institutionnels et structurels qui empêchent une mise en œuvre cohérente de la transition écologique : décisions politiques locales ou nationales contraires à la transition écologique, incohérence des dispositifs et des financements, soutien de projets sans étude d’impact, priorité donnée aux impératifs économiques et politiques.

Parmi les autres entraves identifiées : les coupes budgétaires, la réduction de postes (moyens RH), qui empêchent de mettre en œuvre la transition. La nécessité de renoncer à des projets néfastes pour l’environnement et pour l’intérêt général est souhaitée de manière répétée à partir des situations professionnelles vécues par les répondants.

Preuve de leur sens du service public et de leur conscience professionnelle, « les agents demandent des moyens réels sans être obligés de sacrifier d’autres missions de service public. »

Formation des fonctionnaires depuis 2022 : une dynamique enclenchée

Le pourcentage d’agents ayant suivi une formation est en hausse.L’écart entre catégories se réduit, bien qu’il demeure élevé : 85 % de oui pour les A/A+ (71 % en 2023) versus 65 % pour les B/C (34 % en 2023).

La formation continue connaît la plus grande évolution, ce qui est encourageant et s’inscrit dans le sens des engagements du gouvernement de former l’ensemble des fonctionnaires aux enjeux de la transition écologique. Ainsi, moins de 18 % des agents n’avaient suivi aucune formation sur la transition écologique en 2024, contre 40 % en 2023[1]. Signe de leur fort engagement individuel, de nombreux répondants ont suivi des formations en dehors de leur cadre professionnel.

Quelques propositions nouvelles dans ce domaine : « Imposer une formation aux enjeux écologiques aux élus », « formation à la sobriété numérique et à l’impact de ses choix alimentaires. ».

Valoriser les initiatives abouties

Deux répondants sur trois indiquent avoir constaté ou mis en œuvre une action réussie dans leur contexte professionnel en matière de transition, contre un sur trois en 2023. Ces expériences sont attribuées à la volonté des élus et des managers, soulignant l’importance d’une impulsion hiérarchique dans la réussite des projets écologiques.

Parmi les réussites signalées : l’assemblée citoyenne du futur Marseille, les labellisations « numérique responsable », l’accompagnement des usagers et professionnels à la rénovation énergétique des bâtiments, les « Rencontres de la biodiversité » communales, la mise en place d’outils d’évaluation comme la « boussole de la transition » ou encore le remboursement des surcoûts dus aux choix volontaires d’écomobilité.

Prendre en compte la dimension sociale de la transition écologique

Pour la première année, l’enquête inclut plusieurs questions relatives à la dimension sociale de la transition écologique. Les agents interrogés sont unanimes sur la nécessité de prendre en compte les inégalités sociales dans le cadre des politiques publiques environnementales. Ils indiquent toutefois un besoin de monter en compétences sur le sujet, notamment par un apport plus important des sciences sociales dans les formations dédiées à la transition. Par ailleurs, ils considèrent que cette question est insuffisamment prise en compte par leur administration et estiment que l’accompagnement de proximité est un facteur de réussite dans ce domaine, suivi par la fiscalité et la participation citoyenne.

Appel à la responsabilité collective pour la transformation écologique et sociale

Malgré les insuffisances encore soulignées, les résultats de l’enquête traduisent une (trop) lente mais néanmoins encourageante progression de la culture environnementale dans les administrations.

Par ces constats, l’enquête invite l’État et les collectivités territoriales à renforcer les moyens budgétaires et humains dédiés à l’accompagnement de la transition, mais aussi à intégrer pleinement la transition écologique dans leur paradigme. Le volet social de la transition doit par ailleurs accompagner la déclinaison de ces politiques publiques.

Dans un contexte où « tout est urgent ! » en matière de transition écologique, il apparaît primordial de faire évoluer les structures et les processus de décision de l’administration afin de baser la conception et la mise en œuvre des politiques publiques à l’aune des objectifs de développement durable et de la transition écologique.


[1] Cette évolution est peut-être aussi liée aux profils des répondants.

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