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Formation Prises de positions

Communiqué de presse commun au Lierre, Sens du Service Public et Une Fonction publique pour la transition écologique à la suite de la présentation du plan de formation des hauts-fonctionnaires le 11 octobre 2022

Paris, le 14 octobre 2022,

Nos associations se félicitent de l’avancée importante annoncée par le gouvernement en matière de formation continue des hauts-fonctionnaires, en particulier pour les principaux décideurs en poste dans les administrations, afin que les politiques publiques prennent enfin en compte les enjeux du XXIe siècle.   

Sur le fond, nous sommes globalement satisfaits par le programme théorique qui intègre les fondements énergétiques et climatiques, ainsi que ceux de la protection de la biodiversité et de la consommation des ressources. La visite de terrain et le temps de déclinaison dans le service de chaque décideur formé permettra d’engager rapidement des changements.

Toutefois, nous regrettons l’absence des sciences humaines et sociales dans ce socle de formation, elles sont indispensables pour avoir une vision systémique des changements nécessaires. L’économie est loin d’être la seule discipline à mobiliser pour transformer la société dans un cadre démocratique. Car l’action publique et les arbitrages ne peuvent plus ignorer les freins observés sur le terrain : acceptation sociale, justice sociale et fiscale… Les sciences sociales contribueront à éclairer les constats et les moyens de les dépasser. 

Hélène Soubelet l’a rappelé : la recherche française dispose de sociologues, de cognitivistes, d’agronomes… capables d’identifier des groupes sociaux d’en distinguer les trajectoires et les langages. Nous demandons l’intégration de chercheurs en sciences humaines, notamment des sociologues et anthropologues. Les décideurs publics doivent pouvoir échanger avec eux sur les scénarios de soutenabilité de notre modèle économique et énergétique ainsi que les outils activables, y compris en matière de dialogue démocratique, de redistribution, de liens sociaux et de création de nouveaux communs…  

D’autre part, nous demandons l’intégration des politiques publiques de l’agriculture qui n’ont pas été citées. Le système alimentaire est une des principales causes de l’effondrement de la biodiversité, il est très dépendant des énergies fossiles et de l’eau : la sécurité alimentaire de la population est le défi majeur des territoires dans un contexte de crises multiples. Ce secteur stratégique nécessite donc que les décideurs publics s’engagent dans de grandes transformations sociétales, agronomiques, techniques, foncières, de rentabilité économique et d’attractivité pour les jeunes, pour devenir résilient.

Sur la méthode, les mesures annoncées le 11 octobre sont dédiées aux hauts fonctionnaires en responsabilité dans la fonction publique d’Etat. Elles ne sont qu’une première étape et d’autres ont été annoncées car il est indispensable de massifier ces formations continues et d’embrasser les trois fonctions publiques et les différentes catégories d’agents. Les agents de terrain sont essentiels pour identifier des leviers de transformation cohérents et efficaces, et contribuer activement à mettre en œuvre les nouvelles politiques publiques. 

Par ailleurs, nous demandons un calendrier, un suivi et à y être associé. En effet, nos réseaux et associations rassemblent beaucoup de compétences et de fonctionnaires engagés. Nous sollicitons collectivement le gouvernement pour que les associations soient représentées dans la gouvernance du plan de formation et puissent y contribuer, par exemple pour les terrains d’observation et d’expérimentation (visites apprenantes) et pour le suivi et l’amélioration continue du déploiement dans l’évaluation réalisée avec les participants. 

Pour être mis en œuvre, ces programmes de formation nécessiteront des financements spécifiques et durables, à travers une inscription dans la Loi. La période actuelle, anxiogène, nécessite des fonctionnaires informés et lucides, capables de conseiller les élus et le gouvernement afin d’éviter le mal-investissement, la mal-adaptation et de mauvais choix dans l’allocation de l’argent public. Les coûts de la formation sont relativement faibles, mais indispensables, comparés aux enjeux et à l’ampleur des investissements liés à la transition écologique qui doivent être mené en cohérence par ailleurs. L’efficacité de la dépense publique rend indispensable cette montée en compétence. 

Enfin, parce qu’il faut mobiliser l’ensemble de services publics, nous préconisons que les actions au service de la transition menées par les agents, décideurs ou non, soient prises en compte dans les évaluations professionnelles, dans les avancements de carrière et dans les concours. 

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